J’ai découvert dans une oeuvre de Guillaume Apollinaire une allusion au voyage dans le temps. Ce n’est pas l’auteur auquel j’aurai pensé en premier lieu pour évoqué le sujet en littérature. Mais il se trouve que je l’ai lu récemment et je ne voulais pas manquer d’en parler un peu. Ce texte n’est pas centré sur le voyage dans le temps. C’est plutôt un voyage dans un univers surréaliste, mouvement dont Apollinaire est l’un des pionniers.
Un homme se retrouve par mégarde à déambuler dans un palais caché au sein d’une caverne. Il y vit le roi Louis II de Bavière entouré de ses ouailles aux coutumes très étranges. Pour l’histoire, le roi lune est l’un des nom qu’on lui attribue pour son extravagance et son intérêt pour les arts au détriment de la politique. Son obsession est de vivre dans un environnement tiré de l’imaginaire des légendes germaniques. L’un des châteaux qu’il fait construire, Neuschwanstein, inspira celui de « La Belle au bois dormant » de Walt Disney. Il meurt noyé une trentaine d’année avant ce récit.
L’auteur nous propose de découvrir ce roi ressuscité, caché aux yeux du monde dans un univers fantasmagorique à l’image de sa vie passée. Le roi lune et sa cour y vivent dans une caverne constituée d’ innombrables pièces immenses toutes plus fantastiques que les unes que les autres.
Quel rapport avec le voyage dans le temps me direz-vous ? Et bien dans l’une de ces pièces, le voyageur égaré découvre des inscriptions étranges et coquines sur les murs :
Michel-Ange a causé un vif plaisir à Hans Von Jagow
A Cléopâtre pour la vie
Il me faut Madame de Pompadour
J’ai eu hier la comtesse Terniska à l’âge de 17 ans elle qui en a 45 bien sonnés
Guillaume Apollinaire – « Le poète assassiné » – 1916
On comprend plus tard que les membres de la cour de ce palais improbable ont en leur possession des machines qui leur permettent de retrouver, dans leurs moments intimes, des hommes et des femmes du passé. Personnages éminents ou non, il est toujours possible avec ces machines de parvenir à les rejoindre pendant un de leurs moments de volupté et ainsi avoir des plaisirs sexuels avec eux… Quand on connait un peu l’oeuvre d’Apollinaire (ce n’est pas trop mon cas, mais j’ai fait quelques recherches) il n’est pas surprenant de trouver ce passage érotique dans ce texte. Il fait parti du recueil « Le Poète assassiné » publié en 1916.
Comme quoi, voyager dans le temps peut servir aussi à des fins lubriques. Cela peut permettre d’assouvir ses désirs avec des personnages inaccessibles autrement !